L'historien grec Diodore de Sicile présente le peuple des Arabes Nabatéens comme des nomades dont les usages auraient permis de sauvegarder la liberté.
“Ils vivent en plein air... Ils ont pour coutume de ne pas semer de grains, de ne pas planter d’arbres et de ne pas construire de maisons...
Certains élèvent des chameaux, d’autres du petit bétail qu’ils font paître dans le désert...
Des nombreuses tribus arabes qui font paître leurs bêtes dans le désert, ils sont les plus riches, quoique leur nombre ne dépasse pas dix mille.
Un grand nombre d’entre eux a, en effet, pour coutume de transporter jusqu'à la mer l’encens, la myrrhe et les plus précieux des aromates que leur remettent ceux qui les acheminent depuis l’Arabie dite ‘heureuse”.
Ils aiment passionnément la liberté, et lorsqu'une forte troupe ennemie s’avance, ils s’enfuient dans le désert qui leur sert de forteresse: le manque d’eau le rend inaccessible aux autres, mais, pour eux seuls qui ont creusé dans la terre des réservoirs..., il est un asile sûr”
Diodore de Sicile, Bibliothèque Historique XIX, 94-100
Comment ces seigneurs du désert ont-ils pu construire une véritable métropole? Pourquoi lui ont-ils choisi un site aussi étrange? Les récentes recherches permettent de préciser certains points de l’aventure nabatéenne.
Les Nabatéens, dont les origines sont toujours discutées, entrent réellement dans l’histoire en 312 avant J-C., lorsque Antigone le Borgne, héritier d’une partie de l’empire d’Alexandre le Grand, lance deux expéditions successives pour les soumettre en s’emparant de la “Roche” ( Petra).
L’historien Diodore de Sicile qui rapporte ces faits, dépeint les Nabatéens comme un peuple épris de liberté. Nous en retrouvons une image totalement différente vers le tournant de l'ère avec le géographe Strabon (XVI, 21-26). Il décrit Pètra, la métropole des Nabatéens, comme un site relativement plan et uni, fortifié tout autour par des rochers, l’extérieur de la ville étant formé de précipices abrupts, l’intérieur ayant des sources en abondance pour la consommation et l’arrosage des jardins. Il insiste sur le caractère désertique de la région qui entoure Pètra, en particulier du côté de la Judée. Il évoque de coûteuses maisons en pierre, une production de fruits abondante, à l’exception des olives, une société paisible vénérant le profit, sou l’autorité d’un roi aux habitudes démocratiques.